Ça y est, le W3C et l’IDPF se sont regroupés.
Depuis 5 ans, je me suis rendu compte que beaucoup de gens dans le web ne savent pas trop ce qu’est EPUB et qu’en faire. Et ceux qui savent ce qu’est EPUB ne savent pas forcément comment en faire.
Pire encore, ceux qui ont essayé ont connu des complications, notamment avec le support CSS et le manifeste OPF par exemple. Et ceux qui vendent en direct se tournent automatiquement vers le PDF puis vers Kindle (et éventuellement EPUB s’il existe une demande des lecteurs).
Donc, l’évangélisation ?
À un moment, je pense qu’EPUB (ou son successeur) ne pourra pas faire sans évangélistes. J’entends par là des personnes payées à temps-plein pour le promouvoir, comme cela existe depuis longtemps chez les fournisseurs de navigateurs web par exemple. Des gens qui mettent en place des démos, rédigent de la documentation, proposent des conférences dans les événements web et eBook orientés conception et développement, servent de relai entre utilisateurs et implémenteurs, etc.
Je crois simplement que séduire les développeurs et designers du web peut ouvrir de nouvelles pistes. Mais il faut leur montrer ce qu’est EPUB (ou son successeur) et ce qu’il est possible de faire avec. Il est toujours complexe de faire de la veille technique, a fortiori sur quelque chose de périphérique ; les spécifications qui les concernent plus directement avancent en effet à un rythme effréné.
N’oublions pas que les convaincus pourraient à leur tour promouvoir le format s’ils sont persuadés des bénéfices qu’il peut apporter. Suivront peut-être alors tutoriels, outils de développement, librairies, plugins, etc.
Il y a des millions de documents sur le web
Et il y en a énormément au format PDF (rapports, plaquettes publicitaires, catalogues, etc.).
Quand on va jeter un œil aux documentations de librairies ou frameworks, force est de constater qu’il n’y a quasiment jamais de version EPUB disponible au téléchargement. On peut tout de même souligner qu’Apple propose une version EPUB dédié au language Swift, signe qu’il existe certainement un usage pratique — pour info, Microsoft le fait également.
Les webzines n’utilisent généralement pas EPUB non plus. Quant aux rapports et livres blancs, la très grosse majorité n’est disponible qu’au format PDF — ce qui est pour le moins ironique quand le rapport ou livre blanc a pour sujet le livre numérique.
Le Monde Diplomatique fut l’un des premiers à parier sur EPUB3. Le format est intégré à son abonnement depuis 2013. Pour avoir un peu travaillé sur ce projet en tant que conseil (audit des fichiers produits), je sais aussi que cela a pu se faire parce que son équipe internet avait une réelle envie d’utiliser le format et de proposer un produit de qualité. Elle a en outre développé des outils libres pour ce faire.
Force est de constater que les initiatives de ce type restent encore trop rares et qu’il y a probablement beaucoup de personnes à convaincre dans le domaine du web.
Avec le regroupement, il y a une réelle opportunité
Les documents, c’est un sujet quelque peu old-school à l’heure où on parle de React (js et native), de Web Assembly et autres joyeusetés permettant le développement rapide d’apps web de plus en plus complexes.
Malgré tout, le contenu occupe une place toujours aussi importante, 25 ans après. Et ce n’est pas un hasard si Google, FaceBook et Apple s’intéressent à ces contenus (AMP, Instant Articles, Apple News).
On peut imaginer qu’en prêchant auprès des « travailleurs du web », on aménerait EPUB (ou son successeur) dans des prestations web (catalogue, storytelling de promo, etc.) sur un modèle « ah tiens, au fait, en plus du minisite, on peut aussi vous proposer une version EPUB… » L’évangélisation passe aussi par là.
Je suis convaincu que si nous commençons à construire une offre sur le web, de nouveaux utilisateurs vont se familiariser avec le format, ce qui pourra permettre la création et le renouvellement de modèles.
Je ne peux donc qu’adhérer à l’idée d’un développement « online + offline » qui simplifie la chaîne de publication et l’utilisabilité (n’oublions pas que Microsoft Edge est le premier navigateur à nativement supporter EPUB là où le PDF est lisible dans presque n’importe quel navigateur).
Mais pour cela, il nous faudra le support du web…
À nous de saisir cette opportunité d’évangélisation.