#UpdateBook 7 — Usages & cultures

C’est parti pour le numéro 7 d’UpdateBook, dans lequel nous allons parler de problèmes, de problématiques, de solutions, de modèles alternatifs et de pas mal de points techniques. Beaucoup de choses très variées à aborder et quelques bonnes nouvelles à nous mettre sous la dent.


La presse

J’aime à observer ce qui se passe pour la presse puisque les médias (au sens large) sont bien en avance sur les éditeurs de livres et que nous avons beaucoup à apprendre de leurs réussites et péripéties. De plus, ces médias n’hésitant plus à se déployer dans le domaine du livre numérique, il peut être extrêmement utile de suivre leurs expérimentations.

Les médias flippent

Et tout ceci par la faute de Facebook, le géant des réseaux sociaux ayant l’ambition de devenir le journal personnalisé de ses utilisateurs, un peu à la manière de Flip-Flip-Flip-Flipboard.

Ça en devient presque fatiguant de l’écrire semaine après semaine : usages, personnalisation, partage et lecture différée sont à l’heure actuelle les 4 piliers du numérique. Montez une stratégie numérique qui ne repose pas sur ces piliers et ce sera tant pis pour vous, vous aurez alors une vraie raison de flipper.

En attendant, certains médias anglophones l’ont bien compris, flippent beaucoup moins et passent avec assurance à l’étape suivante : la curation de contenus créés par leurs fans et followers.

La forme longue remue encore un peu

Une pige (parfaite) payée 100 000 dollars, c’est ce qui semble être le modèle du journal en ligne de Jill Abramson, l’ancienne patronne du New York Times remerciée après 3 ans de — bons et loyaux ? — services.

Pour certains, ceci expliquera cela. D’autres, au contraire, ne souhaiteront pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Mais au moins, tout le monde en parle et c’est peut-être bien ça que la startup cherchait…

En attendant, on disserte beaucoup sur la forme longue mais il n’y a qu’Amazon qui en vend via sa collection Kindle Singles — dont on n’entend plus parler, bizarrement.

Stack

Ton truc, là, c’est un peu la roulette russe, non ?

Je découvre ce service anglais qui propose de recevoir un magazine indépendant (en papier) tous les mois… sans savoir à quoi s’attendre.

Les services de ce type se multiplient ces dernières années et nous pouvons assister à la naissance d’un business à part entière. Plus encore, ce modèle totalement alternatif est en train de séduire de plus en plus de gens, qui signent de fait un bon de commande « en blanc », et n’est pas loin d’atteindre un statut mainstream.

Si l’expérience utilisateur réside peut-être surtout dans la surprise et l’excitation lors de l’ouverture de la boîte envoyée par le service, il ne serait pas inopportun d’essayer quelque chose de ce genre en numérique, d’autant que cela ne demanderait pas un investissement trop important, logistique immatérielle aidant.

Certaines personnes ne veulent surtout pas voir leurs lectures dictées par des algorithmes, il y a peut-être une niche à explorer.

Tout repose sur la culture

Il n’y a pas lieu de penser « imprimé contre numérique », la vraie problématique se situe au niveau de la culture — comme toujours ?

Comme dirait l’autre, « le changement demande à ce que nous changions nos mentalités alors pourquoi ne le faisons-nous pas ? » S’il faut engager un rédacteur en chef totalement punk et un groupe d’éditeurs outrageusement mercenaires pour que les choses bougent un peu, pourquoi ne pas tenter le coup ?

App ou web ?

Glenn Fleishman (The Magazine) apporte quelques éléments de réponse.


Usages

Le monde change, les usages aussi.

Flipboard sur iPhone dispose désormais d'une tab pour mieux naviguer

Le smartphone, le petit appareil qui monte

Enquête très intéressante publiée par le service de lecture différée Pocket, complétée par Macg avec des remarques qui me semblent importantes.

Pour résumer, nous avons un énième service qui « manipule » des contenus et qui nous dit que la lecture sur téléphone explose littéralement la lecture sur tablette. Un service de plus et peut-être pas le recul nécessaire pour en tirer de vraies conclusions mais l’idée a fait beaucoup de chemin ces derniers mois, surprenant parfois les services eux-mêmes ; TypeEngine, qui offre une solution de publication de magazines numériques, a par exemple été extrêmement surpris de découvrir que la majorité des lecteurs utilisent le smartphone pour consulter les magazines qui sortent de sa plateforme.

Il est peut-être temps d’entendre (voire de considérer) tous ces retours et de commencer à nous préoccuper du design (et de l’édito) du livre numérique sur smartphone, non ?

HarperCollins prend son envol

La semaine dernière, un partenariat entre l’éditeur et JetBlue a été annoncé. Ce partenariat va permettre aux clients de la compagnie aérienne de lire des extraits de 20 livres du catalogue HC — et de les acheter ensuite — pendant leur vol.

Ce type de partenariats n’est pas nouveau, la SNCF le fait d’ores et déjà en France par exemple. Ce qui frappe surtout, c’est qu’ils sont toujours limités à un ou deux éditeurs là où le partenaire « hors édition » aurait probablement intérêt à s’allier à un distributeur afin de présenter une offre plus éclectique et variée à sa clientèle — n’oublions pas la littérature de genre, qui fonctionne extrêmement bien en numérique.

Espérons que si ces partenariats ne donnent pas entière satisfaction aux différents acteurs concernés, les stratèges n’en tireront pas des conclusions trop hâtivement… donc se poseront la question de savoir si une grande partie du problème ne se situe pas au niveau de l’exclusivité.

GoodeReader ne lira plus en numérique

Trop de livres publiés, pas assez de moyens efficaces permettant de découvrir ce qui pourrait nous intéresser vraiment.

Il y a une grosse problématique autour de la découverte en numérique et nous le savons depuis longtemps. L’article est à mettre en relation avec ce guest-post chez The Digital Reader et à approfondir avec l’ouvrage 100 Things Every Designer Needs to Know About People de Susan Weinschenk, par ailleurs disponible en numérique.

Reste que nous devrions prendre le temps d’écouter/de lire ce genre de témoignage au lieu de répondre « T’as qu’à chercher, d’autres le font. » comme certains commentateurs ont pu le faire.


Design & technique

Une fois n’est pas coutume, grosse partie technique puisqu’il s’est déroulé pas mal de choses ces derniers jours.

 

iBooks s’occupe des veuves et orphelines

Bonne nouvelle puisque la dernière version d’iBooks (v4 sur iOS 8) prend désormais en charge les veuves et orphelines. Il suffira donc d’indiquer le nombre minimum de lignes qu’iBooks doit respecter avant ou après la coupure dans le paragraphe à l’aide de widows et orphans. En général, la valeur par défaut de ces deux propriétés est 2.

À noter que si vous ne spécifiez pas ces styles, iBooks ne les prendra tout simplement pas en compte, il n’en imposera pas et se comportera comme au bon vieux temps, celui que les moins de 3 mois ne peuvent pas connaître.

À voir tout de même si cela ne risque pas de créer une confusion chez des lecteurs, la ligne vide en bas de la page pouvant être interprétée comme un saut de ligne, a fortiori si le livre en contient beaucoup.

DPS Single Edition s’en va

Adobe annonce l’arrêt de DPS Single Edition.

Le service sera disponible jusqu’au 1er mai 2015, il faudra ensuite se tourner vers le fixed-layout EPUB, récemment intégré à InDesign. À souligner que DPS Pro et Entreprise ne sont pas touchés par cette décision.

Certains ne sont pas sans remarquer que ce push vers l’EPUB fixed-layout ne permettra pas de publier chez Amazon. Que leur répondre sinon qu’il est fort possible qu’Amazon n’ait pas vraiment envie d’avoir à gérer les fichiers fixed-layout qu’ils vont réaliser à l’aide d’ID ?

EDUPUB & l’accessibilité

EDUPUB est un profil EPUB 3 dédié à l’éducation. Il doit permettre une meilleure accessibilité est une interopérabilité sans faille. Autrement dit, les usagers ne feront aucun compromis sur l’accessibilité des fichiers — développeurs d’outils de production, notez-le bien puisque cela pourrait vous coûter extrêmement cher si vous ne daignez le prendre en compte.

J’en profite pour vous orienter vers cette enquête dans le domaine du web, beaucoup d’informations pouvant être reprises pour le livre numérique. Vous y apprendrez que la majorité des lecteurs ayant une déficience invalidante parcourent le contenu à l’aide des titres donc que <p class="titre-2">Epub Worst Practices</p> est à bannir dès aujourd’hui des fichiers que vous fabriquez.

EPUB–WEB, le livre blanc

Nous avons parlé d’EPUB–WEB dans un précédent numéro d’#UpdateBook et, surprise, la présentation d’origine a été transformée en livre blanc il y a quelques jours, ce qui tend à démontrer qu’il y a une réelle volonté d’avancer sur le sujet.

Morceau choisi :

Book publishers are currently investing in the development of technical expertise in Web technologies; an expertise that is not part of the “traditional” work of publishers. Whilst gaining some level of expertise is important, the lack of synergy between trade publishers and the Web application developers’ community also means unnecessary duplications, i.e., unnecessary investments.

En français, ça donne :

Les éditeurs investissent dans l’acquisition d’une expertise technique en matière de technologies web, une expertise qui ne faisait pas partie de leur travail jusque là. Bien qu’acquérir un certain niveau d’expertise est important, l’absence de synergie entre les éditeurs et la communauté des développeurs d’applications web mène également à des doublons qui ne sont pas nécessaires, par exemple des investissements.

On le sait, on le dit, on passe notre temps à le rappeler mais certains ne veulent pas l’entendre et n’envisagent surtout pas de s’adapter à cette réalité. Maintenant que ceci est marqué noir sur blanc, plus d’excuse pour éviter d’acquérir de nouvelles compétences dans le domaine du web, les gars. 😉

Attendez une minute

Une étude qui nous dit que les étudiants retiennent moins d’informations quand ils lisent en numérique ? Encore une ?

J’aime ce genre d’études, vraiment, parce qu’elles me permettent de me remettre en question. Peu importe que je ne sois pas d’accord, peu importe que l’étude ait été effectué sur un petit échantillon, il y a toujours quelque chose à en retirer même indirectement.

Dans cette étude, c’est l’interactivité des manuels scolaires qui semble être la cause des plus gros soucis… C’est donc davantage une question de design éditorial que de support.

Il est temps que nous admettions que le livre numérique — dans le domaine de l’éducation en particulier — ne possède pas de designer phare comme Jan V. White a pu l’incarner pour la presse il y a quelques années. Il est peut-être temps aussi pour les acteurs concernés d’aller le trouver et de l’engager, surtout si le rédacteur en chef punk et les éditeurs mercenaires l’ont été avant lui.